Seriatim
jeudi 14 novembre 2013
mardi 5 novembre 2013
« Critique de l’opinion publique »de Ferdinand Tönnies » N°1503 6e année
Aurélien Berlan fait la critique, pour la Vie des idées, de la réédition
de l’ouvrage du sociologue allemand Ferdinand Tönnies :
« La
réception française de l’œuvre de Ferdinand Tönnies (1855-1936), considéré
outre-Rhin comme l’un des « pères fondateurs de la sociologie » (avec Georg
Simmel et Max Weber, qui lui doivent nombre de problématiques et d’intuitions),
a été assez sinueuse. Plus vite traduit et introduit en France que Weber [1], il est ensuite tombé dans un oubli et un
discrédit presque complet. Mais il connaît actuellement une sorte de seconde
naissance : Communauté et société, son ouvrage majeur de 1887, a été
retraduit en 2010 [2], et dans la foulée viennent d’être publiées sa
monographie sur Marx [3] (1921) ainsi qu’une monumentale Critique de
l’opinion publique (1922).
Actualité de Communauté et société
Il faut reconnaître que la pensée de
Tönnies, même si son style a mal vieilli, est toujours actuelle. Communauté
et société constitue une analyse presque inégalée de ce que nous appelons
la « perte de lien social ». Cette question, qui a aussi hanté les premiers
sociologues français, continue d’agiter le débat public où, face au sens commun
inquiété par l’effritement des formes de solidarité sociale, l’expertise
sociologique entre parfois en scène pour expliquer que le lien social ne se
perd pas, mais prend seulement de nouvelles formes.
L’un des mérites de Tönnies est de nous
sortir de ce débat mal formulé (perte ou transformation ?) en distinguant deux
formes de lien social, qualitativement différentes, la première
disparaissant à mesure que progresse la seconde. D’un côté, il y a les liens
personnels durables qu’il englobe sous le concept de « communauté » : de la
famille au voisinage, il s’agit de ce qu’on appelle les socialités primaires.
De l’autre, il y a les liens impersonnels et fonctionnels, contractuels et
souvent éphémères : ils constituent la base de ce que Tönnies appelle la «
société », par quoi il faut entendre le monde moderne engendré par l’État et le
capitalisme, incarné par la grande ville et caractérisé par le progrès constant
des formes secondaires de socialité, celles qui ne reposent par sur
l’interconnaissance : la nation, les marchés, les réseaux (virtuels), etc.
Sur cette base, Tönnies peut montrer que
la dissolution des liens communautaires pose problème, puisqu’ils sont vecteurs
de solidarité concrète (de formes d’entraide et d’assistance qui sont assurées
par les individus eux-mêmes). Mais cette perte, si elle se traduit souvent par
un sentiment d’esseulement, résulte en fait du développement de la « société »
qui relie les individus à une échelle et selon des modalités inouïes, lesquelles
rendent justement impossible la mise en pratique des exigences de fraternité.
Dès lors, l’individu ne peut que s’en décharger au profit d’organisations
bureaucratiques (services sociaux, ONG, etc.) qui contribuent à fragiliser les
liens communautaires. Avec la modernité, le lien social ne se perd pas, il
s’étend même (viainternet) — mais cela n’a pas l’effet attendu d’un
élargissement de la conscience morale de l’humanité et d’un dépassement de
l’esprit de clocher (sous ses diverses formes). Au contraire, cette extension
des liens met à mal les conditions sociales qui faisaient que les exigences de
solidarité et d’hospitalité n’étaient pas complètement abstraites [4]. »
La suite ci-dessous :http://www.laviedesidees.fr/L-opinion-publique-et-ses-elites.html
Jean Vinatier
SERIATIM 2013
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