mercredi 5 novembre 2008

Vendredi 31 août 2007 : Diana, la princesse morte

La Reine assistera, demain, à l’office religieux en mémoire de son ex belle-fille. France2 diffusera en direct la cérémonie à l’instar de toutes les grandes chaînes mondiales. Les libraires sortiront des tas d’ouvrages sur la princesse de Galles : confidences des domestiques, des amis, des amis d’amis, des journalistes intimes et ainsi de suite.
Ce déferlement n’atteindra pas celui que nous connûmes en septembre 1997. On a en mémoire les millions de gens hébétés, renversés, anéantis à deux doigts de renverser leur souveraine sous le prétexte que la dynastie ne regagnait pas Londres prestement. Le film «
The Queen » rend fort bien cette étrange atmosphère qui effraierait l’homme censé à l’égard de toute masse humaine. Les études menées autour de la psychologie des foules montrent sa rapidité de basculement, son infantilisme mais aussi sa volonté de réappropriation de l’idole. Jusqu’au XVIIe siècle, les Romains se jetaient littéralement sur le corps du souverain pontife décédé. Les chairs étaient par endroit ôtées. Qu’on ne croit pas un instant que ce comportement jugé barbare par les contemporains d’alors ne retrouverait pas toute sa vigueur au XXIe siècle ! Les Rois de France étaient exposés en effigie d’apparat à Saint-Denis aux côtés de leur gisant respectif. On imagine sans peine l’atmosphère qui saisissait tout visiteur. Le cortège funèbre accompagnant le souverain à la basilique plaçait avant le catafalque l’effigie pour permettre l’adoration du peuple. Cet usage cessa pour Henri IV ou Louis XIII. La Révolution détruisit tout dans la basilique.
Quel rapport entre ces faits historiques et l’onde de choc qui saisit la planète toute entière bien relayée par les médias ? La permanence de l’idolâtrie.
En relisant la vie de cette noble anglaise, il faut bien garder à l’esprit son évolution physique : gamine en 1981, et progressivement une métamorphose en star royale au fur et à mesure que la vie conjugale se détériorait. Cherchait-elle par cette transformation à vivre dans un monde idéal, un Second Life avant la lettre? Son engagement pour des causes humanitaires procéderait-il également de ce besoin ? Première princesse à serrer la main d’un malade du sida, à engager son nom pour dénoncer les mines anti-personnelles, son action n’était pas seulement artificielle. Elle avait à cœur de donner le sentiment aux gens, à travers cette nouvelle apparence, de les atteindre, de les toucher. Sur ce point, elle a réussi au-delà de toutes ses espérances. Quant à ses amours, point n’est besoin d’être grand clerc pour y voir une tentative de récupération de Charles, avant et après le divorce. Ses enfants qu’elle adorait étaient l’ultime espoir de renouer avec l’idée de couple. Nous sommes bien éloignés de la dimension historique. Son union avec l’héritier de la plus prestigieuse des couronnes a tourné au vaudeville, à la comédie de mœurs publiques dont le dernier acte a failli engendrer des troubles sévères.
Dix ans après, Diana est bien la princesse morte. Elle est entrée dans les souvenirs des badauds, des lecteurs de la presse people, des retombées financières des éditeurs. Une vente aux enchères de ses robes sur
E-bay ne rencontra pas le succès escompté. L’édification d’un temple à sa gloire dans le parc du château de ses ancêtres ne donne plus lieu au pèlerinage prévu. Laissons Lady Spencer reposer en paix.

JV©2007

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