mardi 4 novembre 2008

Lundi 3 novembre :USA : les élections singulières VII : attendons-nous Godot ?

La nuit de mardi à mercredi devrait faire lever l’incertitude qui du démocrate ou du républicain entrera en janvier 2009 à la Maison Blanche, située pas loin du Potomac.
Il ne se passe plus de moment sans que l’on célèbre les Etats-Unis : le ton a changé en l’espace de quelques jours. Les critiques s’effacent devant l’espoir. On sent déjà quelle sera la puissance de feu médiatique qui balaiera le monde en cas de victoire de Barack Obama lequel est devenu l’ange espéré d’un monde idéal. Les républicains eux-mêmes essaient de se détacher de la présidence Bush pour espérer se saisir de quelques bouts d’ailes de l’ange Obama.
La crise bancaire et financière qui traverse les continents n’est pas terminée, la récession économique n’a pas encore débuté que déjà les cercles les plus puissants des Etats-Unis préparent la défense du dollar et comptent bien sur Barack Obama pour pérenniser non seulement leur actuelle force mais de l’accroître. Est-ce le vent du boulet boursier qui a fait tressaillir ces magnats de la finance? Sans doute mais comptons plutôt sur leur pragmatisme froid; le business ne devant pas faiblir et la terre entière étant une aire de chasse dont ils doivent être le plus possible les gardiens, le meilleur homme pouvant porter haut et fort leur couleur verte (dollar) est Barack Obama. Point d’amour ou de rêve dans leurs yeux, seulement du gain, du gain encore du gain. Le Washington Post et Wall Street, des piliers républicains, délaissent John McCain non parce qu’ils changent de parti mais parce qu’ils jugent les rangs démocrates suffisamment perméables à quelques-unes de leurs idées pour leur permettre de garder la première place.
En Europe, France incluse, les critiques se sont tues : Barack Obama est prié dans toutes les administrations européennes, dans toutes les chancelleries et tous les palais gouvernementaux, idem pour les banlieues et dans tous les édifices religieux…c’était limite!
Etrange monde qui exprime ainsi son manque de caractère et de conviction. En tout cas, les Américains peuvent s’applaudir, leur communication autour de l’icône Obama remet déjà Washington au centre du monde avant qu’ils ne puissent faire retourner la planète autour de leur pays. Dieu que la crise est jolie, disent-ils, les têtes des hommes tournent telles des girouettes.
John McCain maudit, certainement, cette crise qui a fait dérailler son train électoral. N’est-il pas étonnant de relever l’abondance d’argent versé par nombre d’alliés, de complices des républicains en faveur de Barack Obama contrairement aux quelques dollars qui s’ennuient dans les tiroirs de John McCain? Election démocratique? Manipulation démocratique serait l’expression la plus appropriée.
Pour l’heure, on est entraîné par l’orchestre au son de
« In God we trust » : est-ce l’ultime danse avant le grand boum? Mais, au milieu, de tous les propos mielleux et sucrés, certains, décidément de mauvais caractères, tirent toujours la sonnette d’alarme. Ils prédisent de très gros orages noirs, de très gros chocs. Qui croire? Sommes-nous dans le monde de Pierrot et le loup?
Les élections présidentielles sont dans leur singularité : le désarroi de la société américaine lui fera, peut-être, accomplir ce qu’elle ne songeait pas à oser voici deux mois, élire Barack Obama. Voyons-bien les choses, un John McCain victorieux serait perçu comme un choc négatif alors qu’il était, voilà peu, celui de l’ordre à l’inverse de Barack Obama qui, maintenant, devient l’homme de paix alors qu’il est porteur d’une force déstabilisante dont il ne soupçonne pas –et comment le pourrait-il - toute la force. Ah, dame Histoire joue bien des tours aux peuples!
Que cette apparente modernité de l'Amérique, multiculturalisme et triomphe de l'anti-racisme, ne fasse pas du bel et homme jeune Barack Obama seulement une image, un encens au service de plus sombres calculs !
Mais quelque part, ne sommes-nous pas comme les deux vagabonds, Vladimir et Estragon,
en attendant Godot ?


Jean Vinatier

©SERIATIM 2008

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